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Crise des agriculteurs: quelles réponses politiques ?

Crise des agriculteurs: quelles réponses politiques ?


Alors que le salon de l’agriculture s’est ouvert ce samedi sous haute tension, La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), associée aux Jeunes Agriculteurs (JA), a réitéré mardi dernier les revendications des producteurs agricoles devant le Premier Ministre à Matignon. Depuis le début des protestations organisées par les syndicats du secteur le 1er février, la pression n’est pas retombée. Les déversements de fumier devant des bâtiments administratifs, défilés de tracteurs et blocages de routes  se poursuivent partout en France


Les frustrations et difficultés, notamment face aux régulations et à la concurrence déloyale de l’étranger de longue date qui touchent les producteurs agricoles se trouvent propulsés au devant de l’agenda politique. C’est donc une rare opportunité de voir une action politique concrète face à l’urgence.


Maintenir la souveraineté: le cap de l’action de Gabriel Attal

Ce mercredi, Gabriel Attal a détaillé les propositions du gouvernement pour répondre à la détresse exprimée. Regroupées au sein d’un Projet de loi pour une agriculture souveraine, avec pour but de reprendre le contrôle de l’agriculture nationale placée « parmi les intérêts fondamentaux de notre nation, au même titre que notre sécurité ou notre défense nationale », les mesures incluent incluent d’abord un volet démographique. 


Sachant qu’un tiers des exploitants devraient partir à la retraite d’ici 10 ans, le Premier ministre réitère la promesse de Marc Fesneau (ministre de l’agriculture) de faciliter l’installation de 150 000 nouveaux agriculteurs pour maintenir le dynamisme et la continuité de la production. 


Permettre aux agriculteurs de respirer

Le deuxième volet, au cœur des frustrations et des obstacles quotidiens des agriculteurs, se concentre sur la simplification de normes et l’introduction d’un certain bon sens dans leur exécution. Le régime juridique appliqué aux haies sera par exemple harmonisé. Le principe de « présomption d’urgence » sera aussi appliqué pour les projets de gestion d’eau afin de redonner aux agriculteurs un certain contrôle pour répondre efficacement aux urgences avant d’obtenir les autorisations administratives rigoureuses. Enfin, l’extension des bâtiments d’élevage et de retenue d’eau est simplifiée pour permettre une meilleure compétitivité économique. Ces mesures de flexibilité peuvent réduire la charge administrative qui pèse sur les agriculteurs.


Pas de plan de grande envergure

Cependant, les réponses apportées aux difficultés structurelles qui asphyxient les agriculteurs restent mitigées. Sur la concurrence des pro éducateurs étrangers d’une part, G Attal a seulement indiqué qu’il n’était pas favorable au traité de libre échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) signé par l’UE en 2019, mais sans indiquer de solution concrète pour lutter contre ses effets néfastes. Sur la tyrannie des grandes chaînes de distribution d’autre part, une commission d’enquête parlementaire pour évaluer le respect de la loi EGALIM a été annoncée. 


Si ces mesures structurelles sont plutôt timides, c’est en partie parce que le gouvernement se trouve face à un dilemme difficile entre la rémunération des agriculteurs et le pouvoir d’achat des français, qui reste la première préoccupation de l’opinion selon les derniers sondages CSA.


Ainsi, sans avoir répondu en profondeur aux difficultés économiques complexes du secteur agricole, le gouvernement a bien entendu les appels de la FNSEA et a allégé certaines charges qui pesaient sur les exploitants. Mais même ces mesures ne sont pas unanimement accueillies par toutes les organisations. L’ONG écologique Générations Futures a par exemple dénoncé le remplacement de l’indicateur de mesure de pollution NODU par l’indicateur HR1, 30% moins strict, qu’elle considère comme un abandon déguisé de l’objectif du plan Europhyto de réduire l’usage de pesticides de 50% d’ici 2030. Et il n’est pas rare de trouver parmi les agriculteurs des dissidents aux demandes de la FNSEA


Si l’urgence de la situation sociale des agriculteurs nécessitait sans doute ces ajustements, le débat reste donc extrêmement crispé autour des conséquences écologiques des réponses apportées.

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